Je suis né au siècle dernier, à la fin de l’hiver 1950, au cœur des Halles de Paris (pas Rungis !), au 5ème étage d’un immeuble en face de la crèmerie de mes grands-parents. Ils faisaient « la tournée» c’est-à-dire qu’ils livraient le lait frais, tous les jours, avec une charrette à bras, aux cafés des Halles dont la plupart étaient tenus par des compatriotes aveyronnais. Avec le développement de l’activité, mon père qui était garçon de café, les a bientôt rejoints. Il apportait sur son plateau un air de modernité dans l’entreprise familiale: une « 1000kg Renault » permettant d’étendre un peu plus le rayon d’action de la crèmerie et d’améliorer les conditions de travail de tous.
Quoi ? pas de bougnat chez les Pezet ?
Bien sûr que si !
Si la famille maternelle était plutôt dans la restauration et la crèmerie, côté paternel, c’était la limonade et le charbon !
Mais mon grand-père paternel souffrait déjà de polynévrite (séquelles de la Grande Guerre ?), et mes grands-parents paternels avaient mis leur bougnat du quartier St Lazare en gérance pour se retirer dans leur maison d’Espinasse près d’Orlhaguet.
C’est là que j’ai fait mes premiers pas…Suivis de bien d’autres depuis, car Espinasse fut ce petit coin de « paradis » de mon enfance, de ma jeunesse : Le nom de ce village rimera toujours pour moi avec amis et vacances. Espinasse aura toujours le goût de l’aligot, de la fallette, des tripoux, des farçous (et du riz au lait !) que savait si bien préparer ma grand-mère. Il n’y aura pas d’année jusqu’à l’âge adulte où, accompagné de mes deux sœurs Françoise et Ghislaine, je n’y passerai pas Noël, Pâques et Assomption. Rien que du bonheur !